J’aimerais proposer tout d’abord 10 titres accessibles, clairs et parfois même, j’espère, drôles, pour donner envie d’aller plus loin, pour entrapercevoir le monde aux infinies couleurs de la foi. Il va de soi que ce choix est éminemment personnel : j’ai voulu mettre dans la première liste quatre grands classiques, des incontournables, et continuer par des découvertes plus récentes : elles ont l’avantage d’être enracinées dans le langage et la culture de notre temps. Suivent dix autres ouvrages demandant un (tout petit peu) plus de courage (ou de temps !).
Il est entendu que des livres, qui n’ont pas de rapport apparent avec la question de Dieu ou de la foi, peuvent se révéler des révélateurs extraordinaires de ce monde. Je pense par exemple à Mensonge romantique et vérité romanesque de René Girard ou à Samurai de Shusaku Endo. Il en va de même pour des ouvrages qui n’ont aucune vocation pédagogique mais qui décrivent avec justesse des itinéraires intérieurs comme Une vie bouleversée de Etty Hillesum ou transcrivent des entretiens à cœur ouvert comme Le choix de Dieu de J.M. Lustiger. Certains de ces livres se trouvent d’ailleurs dans la rubrique « Lectures spirituelles ». C’est pourquoi, dans la troisième liste, j’alterne volontairement entre ouvrages de théologie et livres qui sont des écrits autobiographiques voire romanesques.
Clive S Lewis – Tactique du Diable. Ou comment découvrir les manières de Dieu en s’interrogeant sur celle des démons, avec un humour tout britannique. Un all time classic. Un chef d’œuvre qui a traversé le temps. Inoubliable.
Gilbert K. Chesterton – Saint-Thomas du créateur. Quelle légèreté et quel humour pour présenter ce père de la théologie (pas seulement catholique) : cet homme de bon sens, d’équilibre et de prière. Si l’un ou l’autre passage ont un peu vieilli, l’ensemble reste tonique et fin.
Paul Beauchamp – Psaumes nuit et jour. Une sorte de grammaire élémentaire de la prière à travers la lecture de quelques psaumes. Lumineux et profond à la fois. Bonne introduction à la pensée de Beauchamp.
François Varillon – L’humilité de Dieu. Varillon nous oblige, avec sa clarté et finesse coutumière, à repenser complètement notre regard sur Dieu, à évangéliser notre intelligence. Un tout petit livre qui est un grand livre.
Christian Bobin – Le Très-Bas. Un poète livre son regard sur Dieu. Ne peut laisser insensible.
Jean-Noël Bezancon – Dieu n’est pas bizarre. Une des meilleures introductions en français à la question de Dieu, d’une façon claire et accessible.
Fabrice Hadjadj – Comment parler de Dieu aujourd’hui ? Anti-manuel d’évangélisation. Du bon Hadjadj : enlevé, clair, drôle. Où l’on apprend comment évangéliser est impossible… et pourtant nécessaire. A des jeunes (et moins jeunes !) se posant la question de ce qu’est ‘Dieu’. (voir une recension un peu plus longue dans la rubrique Critiques de livres)
Marion Mueller-Colard – L’autre Dieu. La Plainte, la Menace et la Grâce. Un petit essai récent (2014) où l’auteur croise méditation biblique et réflexion personnelle sur la souffrance. Pour ceux qui ne veulent pas des réponses toutes faites mais une réflexion honnête sur le Mal.
Pierre Durieux – La méthode simple pour commencer à croire. Extrêmement accessible, théologiquement solide. L’auteur explique qu’il cherchait dans son adolescence un bouquin simple (pas un pavé !), un livre qui donne les éléments du débat (sans vouloir trop prouver), un livre honnête en somme ! Ne l’ayant pas trouvé, il a voulu l’écrire. Mission accomplie.
Natalia Sanmartin Fenollera – L’éveil de mademoiselle Prim. J’ai beaucoup aimé cette petite fable sans prétention qui essaye de rendre compte du chemin intérieur d’une jeune femme d’aujourd’hui. Ou comment commencer à envisager de considérer la possibilité du croire. (Voir la recension dans la rubrique Critiques de livres).
François Varillon – La souffrance de Dieu. Un autre ‘petit’ livre qui peut changer notre regard sur Dieu.
Antoine Nouis – Lettre à mon gendre agnostique pour lui expliquer la foi chrétienne. Récent, bien fait. Un pasteur a voulu honnêtement présenter sa foi, l’essentiel de la foi chrétienne.
H.U. v. Balthasar – Le coeur du monde. Immense théologien suisse, Balthasar a aussi écrit des ouvrages très accessibles. Celui-ci en est un.
Henri Nouwen – Lettre à un ami sur la vie spirituelle. Théologien connu pour son très beau livre autobiographique, Le retour de l’enfant prodigue, il livre ici un essai de présentation simple de la foi. Accessible et allant à l’essentiel.
Charles Péguy – Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc. Pour ceux qui ont l’âme poétique et mystique, les écrits de C. Péguy sont inoubliables. Sa parole rend compte d’une expérience spirituelle personnelle d’une grande force. On peut aussi lire Le Porche du Mystère de la deuxième vertu.
Eric-Emmanuel Schmitt – Le visiteur. Une pièce de théâtre originale et accessible. Une nuit, le Docteur Freud rencontre un mystérieux personnage . Ouvrant des questions, ce texte permet le débat, notamment avec des jeunes.
Adolphe Gesché – Dieu pour penser. Tome 3. Dieu. Théologien belge contemporain décédé en 2003, Gesché se distingue par sa grande clarté et accessibilité : il ne cherche pas à faire compliqué ou original. Par ailleurs il aime citer la grande littérature et prendre des exemples parlants. Cela ne se veut pas génial mais honnête, ce qui est une belle qualité.
Pierre Rousselot – Les yeux de la foi. Ce court texte de ce jésuite français tué en 1915 a eu une postérité importante pour toute la théologie du 20ème siècle. A été récemment réédité.
Gilbert K. Chesterton – Les enquêtes du Père Brown. Jamais personne n’a écrit des romans ‘policiers’ comme ceux-là ! Le petit Père Brown découvre la vérité grâce à sa connaissance de la nature humaine. Très drôle et profond à la foi. A découvrir et à faire découvrir.
Daniel Marguerat – Résurrection. Une histoire de vie. Ecrit par un bibliste, il s’agit d’une petite introduction lumineuse aux questions posées par la résurrection de Jésus. «
Yves de Montcheuil, Le Royaume et ses exigences. Ce petit bijou de pédagogie risque malheureusement d’être un peu dur à trouver. C’est l’œuvre d’un théologien jésuite remarquable, mort trop jeune fusillé par les nazis en 1944, à 44 ans.
Hans-Urs von Balthasar – La vérité est symphonique. Un magnifique petit livre sur le rapport entre diversité et unité, qui constitue aussi une belle introduction à la pensée de ce grand théologien.
Clive S. Lewis – Quatre amours. L’amour entre parents et enfants, entre conjoints, entre amis et avec Dieu. Quatre couleurs, quatre poésies, quatre formes d’amour différentes. Un très grand livre qui parlait beaucoup à Jean-Paul II. Je l’aime beaucoup.
Francois Varillon – Joie de vivre, joie de croire. Varillon demeure sans doute notre meilleure apologète en langue française. Pourquoi ? Parce qu’il est extrêmement honnête, clair, d’une profonde humanité. Livre d’entretiens.
Clive Lewis – Surpris par la joie. Le récit des jeunes années de Lewis – le plus grand auteur chrétien anglais du 20ème siècle – et de sa découverte du monde de la foi.
Yves de Montcheuil – Leçons sur le Christ. Claire présentation de Jésus par un théologien attentif à l’humanité du Christ. Ecrit en 1942 mais toujours juste.
Paul Beauchamp – Parler d’Ecritures saintes. Un petit livre qui cherche à faire entre dans le mystère de la Sainte Ecriture. Où l’on apprend entre autres la différence entre des preuves et des indices. « Tous les mots pour dire Dieu, même les meilleurs, doivent être passés au feu. Nous parlons, en ce sens, d’Ecritures saintes : elles sortent du feu et nous y font entrer ».
Henri de Lubac – Paradoxes. Suite d’aphorismes courts mais très denses. A la fois théologiques et spirituels. Ce petit livre m’a beaucoup marqué.
Alexandre Men – Jésus le Maître de Nazareth. Alexandre Men fut le grand spirituel russe des années 70/80 et il mourut martyr en 1990. Dans cette introduction à la personne de Jésus, il montre tout son talent et la profondeur de son cœur croyant. Accessible et profond tout ensemble. Le christianisme ne fait que commencer est également magnifique.
Rémi Brague – Du Dieu des chrétiens et d’un ou deux autres. Parlons-nous toujours de la même chose en disant Dieu ? Bien sûr que non. Et pourtant si Dieu est, il est un. Dans cet essai clair et concis, Rémi Brague tente de clarifier les concepts et de choisir ses mots. Un ouvrage stimulant.
Dietrich Bonhoeffer – Vivre en disciple : Le prix de la grâce. Un texte fort, réédité en 2009, qui montre comment le pasteur Bonhoeffer relisait l’évangile dans l’Allemagne nazie… comme un texte dérangeant et exigeant. Un souffle qui réveille…
Bernard Sesboüé – Croire. Invitation à la foi catholique pour les femmes et les hommes du XXIème siècle. Un commentaire accessible et cohérent du credo. Pour avoir bénéficié moi-même de ses cours, je suis toujours impressionné par la clarté, l’honnêteté et la loyauté ecclésiale de de Bernard Sesboüé. Une valeur sûre.
Nicolae Steinhardt – Le journal de la félicité. L’un des livres les plus originaux qui aient jamais été écrits. Ecrivain juif roumain qui découvre le Christ dans les camps communistes, ayant pour parrains un prêtre catholique et un pasteur. Un livre débordant d’humour, de culture et de sagesse spirituelle, qui croise la grande littérature et le sel de l’Évangile. Drôle et puissant.
Joseph Ratzinger, La foi chrétienne hier et aujourd’hui. Bien sûr c’est un manuel mais c’est d’une telle clarté et profondeur à la fois que cela reste l’un des meilleurs ouvrages écrits au 20ème siècle sur la foi et le credo. Pour ceux qui veulent du lourd qui ne soit pas pesant !
Georges Bernanos – Le journal d’un curé de campagne. Les romans nous en disent parfois ou plus sur la foi que les livres de théologie. Avec le Dialogue des carmélites, ce livre est une introduction romanesque puissante au monde de la foi.
John Henry Newman – Grammaire de l’assentiment. Il est, selon Erich Przywara sj, l’un des trois plus importants théologiens de l’histoire avec St Augustin et St Thomas. Ce livre bien conçu, mais dense par moments, est l’un des plus fins qui ait été écrit sur l’acte de foi. Il a été republié en 2010.
Olivier Clément – L’autre soleil : Quelques notes d’autobiographie spirituelle. Olivier Clément, que j’ai eu la chance d’entendre en cours au Centre Sèvres était un homme rayonnant de foi et de charité. Son autobiographie spirituelle, retraçant son chemin de languedocien athée à croyant orthodoxe, est passionnante.
John Henry Newman – Sermons paroissiaux. Il y a six volumes mais on n’est pas obligés de tous les lire ! Ils constituent une source inépuisable de réflexion sur le texte biblique. Appuyé sur une connaissance très fine du cœur humain, Newman nous livre une lecture spirituelle tout autant que théologique.
Blaise Pascal – Les pensées. Texte difficile, énigmatique, elliptique, génial. Il contient des traits de génie et témoigne d’une foi profonde. Peut se déguster lentement à petites gorgées.
Erich Przywara – Augustin, Passions et destins de l’Occident. Un petit chef d’œuvre, au départ une introduction à une anthologie de textes augustiniens pour montrer comment Augustin est à la source de la plupart des grands débats de la théologie chrétienne ultérieure. Dense.
Pauline
Merci pour ces suggestions de lecture ! Tout me fait envie, c’en est presque frustrant… Mais je crois que je vais donner la priorité à Varillon et Bernanos que j’ai envie d’approcher depuis un moment 🙂
Lili
Il faut croire que les femmes n’écrivent pas sur la foi…. N’hésitez pas à créer une catégorie exprès pour elles. Je sais c’est pas très flatteur les quotas mais c’est un passage nécessaire. Ca n’enlève rien aux auteurs mentionnés, du reste.