C’est l’histoire d’un homme et d’une génération. Jean Roscoff (nullement breton contrairement aux apparences!), universitaire médiocre à Paris XIII, spécialisé sur les Etats-Unis de la guerre froide, a été un militant de SOS racisme et toujours de gauche. Divorcé d’une femme forte, père d’une fille un peu honteuse de lui, il est devenu alcoolique. Vaguement déprimé (plutôt plus que moins), désœuvré, il décide d’écrire un essai sur Robert Willow, un poète communiste noir américain qui, après avoir fréquenté le groupe de Sartre, Beauvoir et tutti quanti, finit sa vie à Etampes en écrivant des poèmes dans un style improbable. Un vieil intérêt de jeunesse. Mais, créée et attisée par les réseaux sociaux, une polémique, typique de notre époque en Occident, démarre comme un incendie: a-t-il suffisamment insisté sur la couleur de Willow? A-t-il le droit, lui le blanc non éveillé, d’écrire sur un tel homme? Il se débat furieusement et prend des coups. Survivra-t-il à ce déferlement médiatique? Comment réagiront ses (rares) proches? Le tout sonne bigrement réaliste et est, en outre, très bien écrit. Pour comprendre un peu ce qu’est la culture woke, le jargon qui est le sien, ce livre est une mine. Un excellent roman, à la fois intelligent et drôle.