[Return to Dust] Un film de Li Ruijun avec Wu Renlin, Hai-Qing. Dans une campagne chinoise difficilement identifiable, en lisière d’un désert d’un côté et d’une ville moderne qui pousse, la vie immuable d’un village plutôt pauvre. Il y a là un vieux paysan célibataire marginalisé par sa famille qui arrange un mariage à peu de frais avec une femme handicapée tant elle a subi de mauvais traitements dans sa famille. Ils vont peu à peu se connaître en vivant au rythme des champs et de la construction de leur maison. Mais les officiels ne sont jamais loin et les ‘paysans pauvres’ n’ont pas bonne presse. Le rythme est celui du temps de la campagne, du compagnonnage avec l’âne (un personnage essentiel du récit) et certains gestes sont millénaires comme l’aire à vanner qui rappelle Booz et Ruth où la moisson à la main. Il y a une sagesse immémoriale dans les (rares) paroles de Wu, un homme scrupuleusement honnête, travailleur et bon: ‘La terre ne nous méprise pas, pourquoi devrions nous la mépriser?’. Le titre original, biblique, du film pourrait paraître dur mais n’est-il pas vrai que « il y a un temps pour planter et un temps pour arracher les plantes… Un temps pour démolir et un temps pour construire »? Mais ce qui illumine le film – et le rend si précieux -, c’est l’amour conjugal de Ma et Guiying, amour incroyablement pudique et vrai, fait de petits gestes et d’attention, de gratitude et de pardons discrets, une ‘solidarité des ébranlés’ qui ne peut que toucher au cœur