Un film de David Oelhoffen, avec Laurent Lafitte, Simon Abkarian (parfait comme toujours), Manal Issa, Tarek Yaacoub. C’est une adaptation du roman du même nom de Sorj Chalandon (2013). Un jeune français gauchiste débarque au Liban en 1982, quelques semaines avant l’aggravation de la guerre (l’invasion israélienne, l’assassinat de Bachir et les massacres de Chatila), pour réaliser le rêve fou d’un ami et un mentor, Sam, un juif de Thessalonique survivant des camps et qui se meurt: monter la pièce Antigone de Anouilh avec des acteurs représentant toutes les communautés du Liban. L’affaire paraît effectivement infaisable mais Georges est tenace et les acteurs courageux. La reconstitution du climat de Beyrouth en ces jours est bien faite; la fin est ce qui m’a paru le plus invraisemblable (un frère au Liban peut-il vraiment donner son frère (même s’il n’est pas d’accord avec lui)?), la romance est sympathique mais inutile et on peut discuter le fait de faire des Palestiniens une communauté du Liban (pour la simple raison qu’ils ne sont pas libanais). Mais, au-delà de deux ou trois détails que les libanais corrigeront, c’est un film fort, dur et sombre, qui n’est pas sans rappeler Incendies de Wajdi Mouawad.
Il est toujours frappant de voir à quel point un français ordinaire (ou un occidental peut-être?) ne réalise pas que la religion est la chose la plus importante et décisive de la vie et se trouve toujours un peu bête quand on lui demande de but en blanc: ‘tu es chrétien?’ Le chauffeur druze est magnifiquement joué par Simon Abkarian (même si la fin, bon, ne me va pas)…