
Dans une petite île de Caroline du Nord, vit une famille: les Wingo. Le père est crevettier et pêche chaque jour tandis que sa femme, une beauté, rêve de conquérir socialement la ville alors qu’ils y sont mal considérés. Ils ont trois enfants: un aîné, Luc, silencieux, fort et solide et deux jumeaux: une fille Savannah et un garçon Tom. Savannah est un peu, disons particulière, depuis son enfance – elle entend des voix, voit des êtres étranges, oublie des événements – mais riche d’une imagination et d’un sens certain de la langue, elle compose des poèmes forts et lyriques. Mais voilà que des années plus tard, Tom reçoit un appel d’une psy de New York, sa sœur ne va pas bien et elle pense qu’il pourrait l’aider à comprendre la famille. Il accourt. Peu à peu la vérité sur des événements de leur enfance va apparaître. Le roman est superbement bien construit en ménageant un art admirable du suspense et de la révélation progressive des événements du passé. L’écriture est ample et belle et souvent très drôle, malgré le côté dramatique de bien des choses. Avec un épilogue bref et vrai. Cela nous parle de la culture du Sud des Etats-Unis (et de New York aussi) mais surtout d’humanité, d’amour et de trauma, de gémellité et de filiation. A mi-parcours, j’ai pensé, malgré la différence de style et de culture, à Ernst Wiechert (les enfants Jéromime) et c’est pour moi un compliment peu banal. Terriblement humain et fort, drôle et poignant, un grand roman d’amour et de peine, de vie, de mort et de rédemption.