Philosophe coréen vivant en Allemagne depuis trente ans, Byung-Chul Han nous livre un petit bijou. Selon sa coutume, il écrit un essai court et incisif, calme dans le ton et profond aussi, limpide dans son écriture, conjuguant rigueur allemande et sens poétique asiatique (ah le chapitre sur les horloges à parfums en Chine!). Ce qu’il dit est au cœur de notre situation présente: A l’heure des smartphones et de la connectivité permanente, comment vivons-nous notre rapport au temps et qu’est-ce que cela induit dans notre humanité? Il s’oppose au lieu commun de « l’accélération du temps », popularisé par Hartmut Rosa, et montre, de façon convaincante il me semble, que le problème n’est pas tant celui-là que celui de l’atomisation du temps et de l’absence de ‘vie contemplative’ (au sens aristotélicien) dans la vie moderne. Si nous ne voulons pas perdre notre humanité, il nous faut retrouver un équilibre entre vie active et temps de silence et d’intériorité. Un livre fondamental, à lire de toute urgence. Vraiment.