Alfred Nakache était un nageur français. Né dans une modeste famille juive de Constantine, à la fois traditionnelle et républicaine, il surmonte sa peur de l’eau et devient un nageur puissant et presque professionnel dans ses entrainements, accumulant records et médailles. Mais, dès avant la guerre, il se heurte à l’antisémitisme prégnant en France y compris d’un autre nageur rival. Malgré son statut et ses nombreux amis, il est déporté à Auschwitz en janvier 1944 avec sa femme et sa petite fille (gazées dès leur arrivée, ce qu’il ignore). Il va y survivre en étant affecté au revier (le quartier des malades dans les camps) témoignant de la même force d’âme et du courage dont il fait preuve dans les bassins. Au retour, il trouve la force de retrouver les bassins, participant aux JO de Londres en 1948, douze ans après ceux de Berlin, performance inouïe. Relire la vie de la communauté juive de Constantine qui était connue de ma famille maternelle m’a touché et réveillé des souvenirs (les ponts sur le Rhummel, etc.). C’est une aventure humaine extraordinaire que nous raconte avec vivacité et authenticité Pierre Assouline. Un homme qui fait honneur à l’humanité.