Incroyablement interdit seulement aux moins de 12 ans ! – le film déploie graphiquement les excès d’un jeune trader enivré de son succès à Wall Street : soif de toujours plus d’argent, de sexe et de drogue(s), se succèdent pendant trois heures. Le livre dont le film est tiré – et la tranche de vie qui lui correspond – étant peu intéressant, le film n’est sauvé que par la performance d’acteur de Di Caprio et le sens de la mise en scène de Scorsese. Il a dit vouloir faire un film qui montre toutes les bassesses du personnage principal. Néanmoins on demeure perplexe car Di Caprio, après 7 ans d’excès délirants et de drogue, semble plus jeune que jamais. Pas très vraisemblable. Certes on l’aura vu dilapidé une vraie culture (la référence à Moby Dick qui est incomprise de ses collègues d’ailleurs), sa femme et, in fine, ses amis. Il se retrouve seul. Mais les paillettes peuvent masquer cette réalité et certains pourront être fascinés par cette vie et cette réalisation dopée aux amphets. Une scène est selon moi la clef du film : à la fin, on voit la caméra passer en revue les occupants d’un wagon du métro new-yorkais sous les yeux du flic du FBI qui a mené la chasse ‘au loup’. On se souvient alors d’un dialogue avec Di Caprio où il avait cherché à corrompre le flic en lui demandant ce qu’il ressentait en prenant le métro le soir, s’il ne pensait pas alors qu’il avait raté sa vie. La réponse est sans paroles et donc à déchiffrer par le spectateur. La caméra se fixe brièvement sur un couple de septuagénaires chinois, assis bien droits, très dignes, très proches. Ma version de ce que pense le gars du FBI est la suivante : ‘Oui c’est pour eux que je travaille. Pour ces ‘decent and hard working Americans’, pour ces gens qui ont travaillé dur toute leur vie en étant honnête. Il est bon que certains consacrent leur vie à chasser les arnaqueurs et ceux qui utilisent les failles du système au dépens des autres. J’ai bien fait de refuser ce pot de vin. Je peux me regarder dans une glace et je sais pourquoi je fais ce que je fais.’ C’est une lecture, ma lecture, mais elle est la seule qui permet au film d’échapper à l’insignifiance.
© Metropolitan FilmExport
FILM – 25/12/2013 – de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill