Autobiographie dynamique et franche où j’ai beaucoup appris. Claude Lanzmann est un homme plein de vie, profondément areligieux certes, mais aimant les êtres, capable de pardon et d’empathie. Riche en anecdotes, marqué par la culture de l’auteur, ce récit touche souvent juste. Je retiens deux extraits qui en donnent le ton. Le premier parce qu’ils font aussi partie de mon panthéon personnel : « Les héros de la rose blanche, Hans Scholl, sa sœur Sophie et leur ami Christiane Probst […] je ne puis voir aujourd’hui encore leurs beaux visages pensifs, à tous 3, sans que les larmes me montent aux yeux : le sérieux, la gravité, la détermination, la force spirituelle, le courage inouï de la solitude, qui émanent de chacun d’eux disent à l’évidence qu’ils sont le meilleur et l’honneur de l’Allemagne, le meilleur de l’humanité. » (19) ou ceci sur la force de la foi d’Israël : « Je rodais… autour des lieux de prière, n’osant pas entrer, ne comprenant rien à ce qui se disait, se lisait, se passait, me sentant rejeté, repoussé, exclu, par ceux que je m’obstinais follement à considérer comme les miens parce que les hasards de l’errance et de la géographie eussent pu faire que je fusse à leur place et eux à la mienne. Mais ils étaient des juifs véritables, ils avaient le savoir, connaissaient les prières, la liturgie, certains d’entre eux, sans nul doute, le Talmud. Je mesurai en tout cas cette nuit-là la puissance de la religion, la force de la stricte observance. Je n’avais encore rien vu ». (239)
LIVRE – 2009 – Éditeur : Gallimard