[The Queen’s Gambit] Une mini-série (Netflix) de Scott Frank (tirée du roman de Walter Tevis), en sept épisodes d’environ 60′, avec Anya Taylor-Joy, Bill Camp, Harry Melling (2020). Dans les années 60, une orpheline, Elizabeth Harmon, la fille d’une mathématicienne psychologiquement fragile, apprend par hasard à huit ans le jeu d’échecs dans son orphelinat. Elle va s’y révéler incroyablement douée (une sorte de Magnus Carlsen au féminin, ou plutôt pour les traits psychologiques, de Paul Morphy, peut-être le premier ‘champion du monde’ d’échecs, qui était un américain de la Nouvelle Orléans) mais ses jeunes démons la poursuivent et risquent de tout remettre en cause… Portée par une jeune actrice remarquable (d’où un arrière-plan ‘féministe’ qui sonne juste dans ce monde d’hommes), une petite rousse mutine dont le visage original et expressif aux yeux de Bambi aurait pu servir de modèle pour un dessin animé Walt Disney, très bien écrite et réalisée (sans parler de la musique admirablement accordée au propos, des seconds rôles, de la photographie et du montage), cette minisérie est à la fois humainement réaliste (évoquant de nombreuses réalités difficiles – le fait d’être orphelin, la solitude existentielle, l’addiction – sans jamais être outrancier ou cynique) et narrativement satisfaisante. Le dernier épisode est exceptionnel à tous points de vue, à la fois au plan dramaturgique et humain (et même, au fond, évangélique tant c’est la gratitude et la solidarité qui ont le dernier mot), se permettant même de dresser un merveilleux portrait du peuple russe, de sa passion pour les échecs et de sa sportivité.