Un film de Eugène Green avec Victor Ezenfis, Natacha Régnier, Fabrizio Rongione, Mathieu Amalric. Comme toujours avec Green, il faut accepter une diction grand siècle et un refus radical des conventions du cinéma contemporain. Il y a alors un côté artificiel qui peut légitimement désarçonner (comme dans les deux premières scènes). Mais, une fois l’adaptation faite (comme avec de nouvelles lunettes), on pourra se laisser toucher par ce récit sur la filiation, faisant écho tant au ‘sacrifice’ d’Isaac (avec une lecture qui en fait un sacrifice d’Abraham bien à la façon d’un André Wénin) qu’à la sainte famille et au rôle de Joseph. La trame narrative est fine mais suffit à nous maintenir dans l’attention même si la fin se devine dès la survenue de Joseph. Le lien de la question de Dieu avec la question du père est au coeur du projet qui, dans sa simplicité biblique, touche juste humainement. J’ai été heureux de l’hommage aux lieux de l’enfance, lieu physique des vacances mais aussi lieux imaginaires (legos et Jules Vernes dans la chambre). L’homme rencontré à la fin rappelle ces étranges hommes anonymes ou ‘homme de dieu’ qui apparaissent ci et là dans le récit biblique (avec Joseph cherchant ses frères puis avec Saül par exemple) pour (re)mettre sur le bon chemin. Oui tous nous cherchons notre route et nos frères humains nous sont parfois donnés par Dieu pour la trouver. Oui ‘le monde est un grand hôpital’ où nous sommes tantôt soignants tantôt patients…