Depuis plus de vingt ans, Etienne trace son sillon. En partant de la parole de plus pauvres et des Ecritures, il révèle combien le Dieu biblique se révèle à partir des plus pauvres qui sont ceux qui en parlent, au fond, le mieux. Les rencontres les plus marquantes, provoquant les phrases les plus fortes de Jésus dans les évangiles, viennent dans les rencontres entre les épuisés, les malades, les possédés et Jésus. Les disciples, souvent spectateurs, parfois obstacles, peinent à entrer dans le mouvement dessiné par Jésus. C’est dans la confrontation au plus près de la mort que le Dieu d’Israël se révèle le Dieu de vie, capable de soutenir le souffle fragile des humains. Il ne s’agit pas d’avoir sur la pauvreté un regard romantique ou idéaliste, bien au contraire, tant la misère profonde, la dissolution des relations essentielles qui font vivre l’humain et lui donnent sa joie, sont des souffrances presque indicibles. Mais le récit des personnes qui trouvent la force de vivre malgré leurs épreuves nous éclairent en profondeur sur le chemin du Messie et les voies étonnantes de Dieu pour donner la vie. « Le Seigneur abaisse et il élève. De la poussière, il relève le faible » (1 S 2,7b-8a) ou comme le dit Jésus « Beaucoup de premiers seront derniers et les derniers seront les premiers » (Mc 10,31). Si l’on cherche une fondation proprement théologique aux intuitions exprimées par le pape François depuis son élection, on les trouvera dans ce livre qui en fait la démonstration, non pas tant par le syllogisme que par l’écoute fine de la parole de ceux qui côtoient l’abime et parviennent à ne pas y tomber. L’écriture est à la fois élégante et accessible et l’enjeu, celui d’une anthropologie relationnelle, est essentiel.