Paru juste après « la société de la fatigue », ce petit (comme à son habitude) ouvrage permet à Byung-Chul Han de donner en quelques formules parfois fulgurantes sa vision du danger qui menace l’amour vrai aujourd’hui. dans une société marqué par le désir narcissique et où l’autre véritable fait peur, un amour vrai est en conséquence de plus en plus difficile. Il évoque cet individu contemporain menacé par cette course permanente à être lui-même et qui s’épuise. Il observe par exemple que « l’amour est aujourd’hui positivé pour devenir une formule de jouissance. Il doit avant tout produire des sentiments agréables. Il n’est plus une action, une narration, un drame, mais une émotion et une excitation sans conséquence. Il est exempté de la négativité de la blessure, de l’attaque ou d ela chute ». Il y a de belles choses sur la fidélité (p. 58), la différence entre la vie nue et la vie bonne (« Là où on sanctifie la vie nue, la théologie cède le pas à la thérapie »), pourquoi la pornographie détruit l’amour et a une telle place aujourd’hui (« la pornographie renforce ainsi la narcissisation du soi; L’amour comme événement… est en revanche déshabitualisant et dénarcissisant. il produit, une « rupture », une « trouée » dans l’ordre de l’habituel et de l’identique »). Certes certains passages où des auteurs difficiles sont discutés en quelques paragraphes peuvent être plus opaques à ceux qui ne connaissent pas les auteurs mais le jugement sur notre temps est à la fois lucide et stimulant.