Une jeune fille métisse de quinze ans vit seule avec sa mère rwandaise tutsie à Butare. Le temps des massacres y arrive. Elles se cachent plus de deux mois avant de sortir du pays grâce à un convoi humanitaire suisse. Comment parler de cela alors qu’il faut vivre et que les oreilles ne sont pas toutes ouvertes (tant les paroles des survivants, comme après la shoah, sont presque inaudibles tant elles nous déstabilisent)? Une parole selon laquelle elles apparaîtraient dans un reportage de la BBC, puis quatre photos, vont l’amener à la décision, difficile, d’écrire son témoignage. Ce livre est d’une finesse humaine et d’une intelligence exceptionnelle. Tout y sonne juste tant elle partage avec une honnêteté extrême ses doutes et ses dilemmes. Quand on sait que des êtres humains comme elle vivent dans le monde, on se sent un peu moins désespéré de l’état du monde, on est consolé, grandi de l’avoir, par les pages et ses mots, un peu connu (j’espère que les lycéens niçois qui l’ont écoutée depuis quelques années mesurent la chance qu’ils ont eue)… Sobre et fort, plein de gratitude et de persévérance, d’humanité…