Un film de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière avec Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Anaïs Demoustier, Julien de Saint Jean. Qui ne connaît pas le livre le plus célèbre d’Alexandre Dumas?! Certes, il y a eu des plus ou moins petits changements (les origines de Morcerf et sa fin, le sort de Maximilien (par exemple)) et des concentrations de l’action qui coupent quelques intrigues secondaires mais il me semble que l’esprit du livre est bien respecté, qui porte, au fond, sur la question de où finit la justice et où commence la vengeance. Les acteurs sont bons (mention spéciale aux méchants et aux deux actrices principales car Niney n’est pas entièrement crédible), les décors et costumes justes et somptueux et, surtout, le rythme de la réalisation est bon: on ne s’ennuie pas une seconde et en même temps on ne se perd pas, et la musique se met humblement au service de l’histoire. Il y a un côté universel dans ce récit, raison pour laquelle il parle au monde depuis sa publication. Il y a dans l’humain une soif profonde de justice et qu’un personnage revienne des morts pour faire justice y correspond. Mais est-il vraiment juste de citer la Bible pour dire que les fils paient pour les pères: le proverbe cité par Jérémie (« les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants en ont été agacées ») veut surtout dire que le péché a des conséquences mortifères sur trois ou quatre générations (dans la ligne de Ex 34,6). D’un autre côté, le film est antimoderne en ce qu’il demande une patience d’une incroyable (et invraisemblable) puissance: ‘attendre et espérer’. On pense aussi en arrière-plan à Ulysse revenant à Ithaque (je rejoins sur ce point Isabelle de Vendeuvre qui écrit: « Le roman de Dumas n’est pas un roman maritime au sens classique du terme, mais il est traversé par une poétique maritime dont les multiples facettes demandent à être mises en lumière. C’est un roman thalassopoétique »: C’est aussi une histoire d’anagnorisis, de reconnaissance: qui va le reconnaître? Là, Mercedes ne déçoit pas et c’est elle qui dit « On n’aime bien qu’une fois ».