FILM – 05/10/2016 – de Marie-Castille Mention-Schaar avec Sandrine Bonnaire, Noémie Merlant, Clotilde Courau
Film important si l’on s’intéresse à la France d’aujourd’hui. Quasi un documentaire parfois. Porté par une brochette de remarquables acteurs. Comment se fait-il que des jeunes filles de 15 ans, menant une vie plutôt privilégiée au plan matériel, puissent se laisser entrainer par Daesh? Ce n’est pas un film à thèses ou idéologique mais une plongée dans le réel, écrit à partir de récits concrets et qui a choisi de se focaliser sur deux jeunes filles. On n’y verra donc pas les conversions adultes ou masculines. Qu’en dire alors? Il y a quelque chose qui tient à la fois du phénomène sectaire (dans la rupture organisée avec la famille notamment), du phénomène addictif (comparable à une drogue dure) et du phénomène social (la place de la théorie du complot dans l’imaginaire de beaucoup et le recours massif à internet pour « s’informer »). Le film montre aussi le vide de sens et de foi d’une grande partie de la France, même dans ses classes moyennes. L’horizon se réduit au mieux à l’une ou l’autre activité culturelle (la musique) et au shopping. L’école (trois séquences ‘édifiantes’ dans le film) répète des clichés sur la religion. Il y a une soif de radicalité, de pureté aussi, qui n’arrive pas à trouver un chemin dans le monde tel qu’il va… Quelle tristesse dans ces fêtes alcoolisées où des filles de 15 ans parlent avec une incroyable vulgarité et où il n’est pas possible de parler virginité sans être ridicule. Si Divines montraient le chemin du djihadisme dans un milieu de banlieue, nous en avons ici la variante middle class. Moins trash, plus glaçante. Les deux sont à entendre et à déchiffrer. Bravo à Marie-Castille la réalisatrice.