L’auteur nous raconte Paris sous l’occupation en nous narrant la vie du légendaire barman du Ritz, Frank Meier, un juif autrichien qui avait survécu à la première guerre mondiale (vécue dans la Légion étrangère côté français). De son poste d’observation inégalable, il croise Göring et Guitry, Céline et Arletty et toute la faune de la France occupée, sans oublier les dirigeants du Ritz. L’ensemble est très vivant et bien documenté. Cependant, il y a quelques défauts qui m’ont un peu gêné: d’abord une écriture médiocre, disons facile, juxtaposant les propos sans trop de rigueur (les personnages s’expriment de façon contemporaine plutôt qu’avec le français tel qu’il était parlé à l’époque par exemple). Et puis le portrait de Meier est trop complaisant, les ambigüités du personnage (revendeur de drogue, magouillard à ses heures, etc.) sont dites sans que jamais on ne se départisse d’une sorte d’admiration inconditionnelle (alors qu’elle devrait, éventuellement, naître peu à peu à la lecture). Et il y a eu des rapidités dans l’écriture. Ainsi, pour le personnage de Blanche, quand Frank veut la protéger et dit: « J’ai toujours entendu Mme A. affirmer qu’elle avait reçu une éducation catholique. Je crois même que son père était diacre à Cleveland » (134), montrant une confusion entre catholique et chrétien (il n’y a pas de diacre catholique marié il y a un siècle) qui aurait dû trahir immédiatement l’orateur. Cela dit, c’est une mine d’informations sur la vie au Ritz sous l’occupation et le rythme de feuilleton radiophonique rend la lecture relativement plaisante.