
Dans un récit simple et subtil à la fois, court et riche, François Bégaudeau nous déplace dans le temps: nous sommes dans la France populaire des années 70/80. Une jeune femme romantique va croiser un jeune homme prosaïque. Ils vont être ensemble et avoir un fils. Nous allons suivre leur relation. Elle est forte sans être idéalisée. Ils se taquinent, se chamaillent mais ne se quittent pas. Cela rappelle un peu Philippe Delerm (celui de La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules), les juke-box, les émissions télé de l’époque, les appareils antiques: un monde sans portable. Il y a une forme de nostalgie mais sans qu’il y ait le refrain ‘c’était mieux avant’. Un exemple: « Souvent Jacques énerve Jeanne à ne rien dire alors qu’il n’en pense pas moins. Et Jeanne énerve Jacques à lui demander à quoi il pense. Est-ce qu’on sait à quoi on pense? A cet instant, Jeanne ne perçoit pas que Jacques est moins en colère que soulagé, mais Jacques ne perçoit pas non plus son soulagement » (70).