Ce volume est composé d’éléments hétéroclites et de poids différents. Il reprend, en premier lieu et surtout, une réflexion personnelle du pape émérite Joseph Ratzinger qui, au départ, n’était pas destinée à être publiée. Il y réfléchit, à haute voix, pourrait-on dire, sur la valeur et les limites de deux expressions consacrées dans le cadre du dialogue judéo-chrétien : la théologie dite « de la substitution », condamnée depuis la déclaration Nostra Ætate (1965), et l’affirmation du caractère irrévocable de l’alliance entre Dieu et le peuple d’Israël. Cette réflexion, qui est dense et qui veut ouvrir à une discussion à l’intérieur du monde catholique, a été rendue publique dans la revue Communio (d’abord en allemand puis en français) et a suscité un certain nombre de réactions de membres de la communauté juive. C’est ici celle d’Arié Folger, grand rabbin de Vienne, qui est reproduite, ainsi que la correspondance avec Joseph Ratzinger qui a prolongé ce premier échange. Des additions importantes ont été apportées par les éditeurs pour compléter ces éléments : tout d’abord, l’intégralité du document de la Commission biblique pontificale de 2001 sur « Le peuple juif et ses Saintes Écritures dans la Bible chrétienne », un document effectivement important, qui fait plus de la moitié du volume. Il est suivi du dernier document romain sur les relations judéo-chrétiennes, publié en 2015 à l’occasion des cinquante ans de Nostra Ætate, d’une réponse de rabbins européens datant de 2017 et d’un très bref discours du pape François devant des rabbins, la même année. Il y a donc un certain écart entre des textes destinés aux catholiques et des textes qui sont les fruits du dialogue ou qui ont été élaborés à cette fin, que le lecteur intéressé par l’argument devra prendre en compte.
Recension parue dans la revue Etudes en 2019