Roman d’initiation, d’entrée dans l’âge adulte (si tant est que cette phrase ait un sens), dans la tête d’une jeune napolitaine de 15 ans. Le roman se situe il y a quelques décennies sans que les années soient d’ailleurs explicitement indiquées. Fille unique, Giovanna, grandit dans la ‘ville haute’ de Naples, loin de la ‘ville basse’ dont son père est issu mais avec laquelle il a totalement rompu. Les deux parents sont professeurs, farouchement laïcs (au sens italien du terme) et parlent littérature et politique. Mais voilà que Giovanna va faire la rencontre de sa tante Vittoria, jusque là inconnue, et découvrir le monde étrange de la ville basse, son dialecte, sa verdeur, ses odeurs et sa foi. Peu à peu elle va découvrir le mensonge sur lequel repose le mariage de ses parents (et ce roman pourrait aussi être décrit comme l’impact du divorce et/ou du mensonge parental sur l’enfant du couple). Un jour, Roberto, un jeune professeur, plus âgé de dix ans, parle dans une église et elle est subjuguée. Mais il est fiancée à une amie. Comment va-t-elle réagir? D’entrée, disons que l’auteure écrit bien, avec inventivité et verve, densité psychologique et sens des dialogues. Néanmoins, plusieurs choses m’ont étonné et certaines franchement déplu. Tout d’abord, si la première partie est enlevée et prenante, la seconde est répétitive et inutilement scabreuse (on peut écrire sans pudibonderie, comme Sally Rooney par exemple, sans être à ce point ‘graphic’). Le roman, de ce point de vue, est soit trop long soit trop court. Elena est censée décrire le contraste entre la Napoli bourgeoise, le Vomero et la Napoli du popolino, soit… Mais elle se contente d’oppositions extrêmement simplistes et évidentes: tant les idées des parents de Giovanna que celle du jeune Roberto, ne sont vraiment explicitées même sommairement (trop facile de ne faire parler Roberto que de la seule ‘componction’ et d’imaginer qu’il fascine avec cet unique concept). Lorsqu’elle indique que les personnages parlent en dialecte, ou mélangent le napolitain et l’italien, elle continue à écrire en italien soutenu et cela est étrange et un peu ridicule (Camilleri savait écrire un sicilien adaptable sans trop d’effort pour tous les italiens). Et, sur le fond, une occasion est manquée. Cette jeune adolescente, qui doute de son charme et de sa féminité, et qui découvre avec curiosité, et simultanément, un monde populaire vivace et brut et un monde catholique cultivé et fin, ne donne jamais l’impression de lire (alors qu’elle aime lire nous dit-on) ou que les propos sur l’évangile de Roberto et de ses amis la fassent réfléchir. Ses réactions sur les évangiles ne sont pas inintéressantes en soi mais invraisemblables de la part d’une jeune italienne, d’il y a quelques décennies qui plus est. Quelle tristesse surtout que cette fin bâclée et glauque. Bref, je n’ai pas lu les trois volumes de l’amie prodigieuse qui ont rendu E. Ferrante célèbre dans le monde entier et ce livre ne me donnera pas certes l’envie de m’y plonger. Mon impression est que l’auteur est une femme intelligente, tourmentée, une excellente prosatrice sans doute, mais quelqu’un qui, au fond, n’a pas grand chose à dire…
bastinette
tout à fait d’accord avec vous; j’ai lu les commentaires sur Babelio qui étaient tous élogieux – ils semblaient d’ailleurs avoir été écrits par la même personne – j’ai trouvé ce livre relativement insipide – je me suis efforcée de le terminer car je l’ai lu en italien, et c’était un excellent exercice – il n’apporte rien