Après des études de philosophie, l’auteur a travaillé dix ans comme charpentier sur des chantiers. Il nous raconte simplement sobrement ce que ce travail lui a appris, lui a transmis comme sagesse. Comment l’esprit des chantiers où l’on acquiert patiemment, dans une démarche d’apprentissage d’une tradition immémoriale, un certain rapport au corps, à la matière, à soi. Comment ce monde du bois apprend une certaine éthique. Il raconte ses chantiers, ses découvertes, quelques anecdotes. Rien de prétentieux ou abscons. Dans la ligne des travaux de Matthew Crawford (Eloge du carburateur ou Contact) ou Richard Sennett (Ce que sait la main : La culture de l’artisanat), il montre comment ce travail manuel construit un homme et constitue un excellent antidote à notre monde statique, virtuel, incorporel, immédiat. « On retrouve ces moments de grâce dans de nombreuses tâches des chantiers. C’est l’immense plaisir de l’anticipation collective des étapes de travail à venir. Quand tous connaissent les routines à mettre en œuvre et que chacun parvient à y trouver sa place, il s’instaure dans certaines équipes une fluidité symbiotique que je n’ai jamais retrouvée nulle part ailleurs, et qui est l’une des raisons de mes constants retours sur les toits » (113).