Une espagnole de Tanger se souvient de sa jeunesse et décrit la vie d’une ville qui peu à peu perd sa dimension internationale. C’est un immense monologue où se mêlent différents épisodes plus ou moins anciens, des plus futiles aux plus graves. C’est toute la psychologie de cette femme qui transparaît, ses phobies, ses tics langagiers, sa jalousie envers sa sœur et son lien à sa mère. Ecrit en 1976 mais décrivant le monde l’immédiat après guerre et des année s50, ce roman est un classique de la littérature hispanophone. Je me demandais ce qu’il y aurait de hakétia, du judéo-espagnol de Tanger dans le livre mais en fait très peu. L’espagnol est très populaire mais très compréhensible avec juste quelques mots arabes et des phrases en français, l’autre langue européenne de la ville. La performance littéraire est honnêtement impressionnante mais, néanmoins, l’ensemble ne m’a pas entièrement convaincu du fait (entre autres) de l’absence d’une intrigue porteuse. Certes, les éléments se découvrent peu à peu (la mort de sa mère, le sort de sa sœur, etc.) mais le côté fondamentalement solitaire et triste du personnage principal, son narcissisme pathétique et vain, rend l’ensemble pesant…