Bien que moins percutant à mes yeux que « le parfum du temps », ce petit opuscule du philosophe allemand touche souvent très juste. Comment l’exigence permanente de ‘transparence’ comporte des dangers pour la personne. Alors qu’autrefois c’était l’état totalitaire qui cherchait à tout voir et tout contrôler, aujourd’hui c’est l’individu lui-même qui se soumet à cette exigence de transparence. une ou deux citations pour donner une idée: « la communication visuelle s’accomplit aujourd’hui sous forme de contamination, de défoulement ou de réflexe. Elle est presque dénuée de toute réflexion esthétique. Son esthétisation est en définitive anesthétique. Pour porter un jugement de goût du type I like, par exemple, aucune observation durable n’est nécessaire. Les images emplies de valeur d’exposition ne présentent pas de complexité. Elles sont univoques, c’est-à-dire pornographiques. Il leur manque toute ambiguïté qui déclencherait une réflexion, une recherche, une pensée. La complexité ralentit la communication. L’hypercommunication anesthétique réduit la complexité afin de s’accélérer. Elle est sensiblement plus rapide que la communication. Le sens est lent. Il constitue une entrave aux cercles accélérés de l’information et de la communication. La transparence va ainsi de pair avec un vide de sens. » (28) ou encore « les médias sociaux et les moteurs de recherche personnalisés créent sur le réseau un espace de proximité absolu dans lequel l’extérieur est éliminé. On n’y rencontre que soi-même et ses pareils. Il n’y a plus de négativité présente qui rendrait possible une transformation. Ce voisinage digital ne présente au participant que la fraction du monde qui lui plaira. Il démonte ainsi la vie publique, la conscience publique – et même critique –, et privatise le monde. Le réseau se transforme en une sphère intime ou en une zone de bien-être. La proximité d’où toute distance est éliminée est aussi une .forme d’expression de la transparence. » (64). Une lecture facile d’accès qui nous permet de réfléchir à l’usage que nous faisons des réseaux sociaux notamment et de ce que cela entraîne dans notre rapport au monde, à la confiance, à l’intimité et au secret.