Un film de Cédric Kahn avec Anthony Bajon, Damien Chapelle, Alex Brendemühl, Louise Grinberg et Hanna Schygulla. Un jeune homme, Thomas, arrive dans une communauté accueillant des ‘toxicos’ dans une sorte de ferme-foyer dans les Alpes. La vie y est spartiate, le soutien basé sur l’amitié entre jeunes partageant la même épreuve et sur la prière car la communauté, fondée voilà 30 ans par une religieuse maintenant âgée (et qui vient une fois par an), est clairement catholique. Porté par la belle interprétation du jeune Anthony (Ours d’argent, mérité, du meilleur acteur, Berlin 2018) et servi par une réalisation inspirée, entièrement concentrée sur son sujet, le film touche. Il réussit là où « l’Apparition » échoue. Il montre les ‘effets’ de la foi sans l’affirmer ou la dénigrer. La volonté de s’en sortir, l’amitié rugueuse entre jeunes et le dévouement d’un encadrant d’une grande justesse, sont décisifs certes pour retrouver l’unité de sa vie et surtout l’estime de soi. Mais la foi n’a t-elle aussi sa ‘petite’ part? Les paroles des psaumes sur la force que peut donner le Seigneur, l’amour qu’il déclare et qui est transmis par des humains habités, cela n’a t-il pas du poids? Le film laisse ses spectateurs vraiment libres et le choix final est celui d’un homme qui accède enfin à sa liberté.
NE PAS LIRE CE QUI SUIT SI VOUS N’AVEZ PAS VU LE FILM…
j’ai deux toutes petites réserves : lorsque la Mère fondatrice détecte l’insincérité, le geste qu’elle pose n’était sans doute pas le plus juste (une parole aurait pu, je crois, le remplacer) et lorsque Thomas parle au prêtre, à la fin, de son indignité à être père, j’aurais aimé une parole lui disant: ‘si tu peux être prêtre, tu peux être père. Ne te mésestimes pas ». Mais en même temps chacun des deux a une vraie présence et apporte dans les deux cas une aide. La première en l’appelant à être vrai et le second en accueillant sans condescendance un désir qui dit une conversion intérieure…