Difficile de rendre compte d’un livre dont on connait l’auteur! Ce court roman en style bernanosien mêle trois vies, Charlotte, une femme de la campagne jurassienne qui porte une connivence impressionnante avec l’évangile qui la met à part de ses voisins mais frappe le jeune curé parisien exilé dans ce village, Jan un compositeur hollandais venu chercher le calme pour écrire enfin sa grande musique et ce prêtre anonyme arrivé jeune mais qui nous parle au soir de sa vie, au bord de la tombe. Le récit nous fait partager les pensées de ce prêtre qui découvre l’enfouissement, l’attention aux personnes concrètes hors de tout parcours mondain et de toute prétention intellectuelle. Charlotte partage un certain nombre de points communs avec la Emerence de Magda Szabo mais en moins ambigu: la scène de son baptême est peut-être la plus marquante du livre. D’un certaine façon, le roman est pour moi un peu trop transparent pour ainsi dire, le récit et son intrigue trop légers pour soutenir des personnages que j’aurais aimés découvrir de façon plus lente, plus énigmatique. D’une certaine façon le spirituel agit au détriment de l’intrigue que j’aurais souhaitée plus complexe et ménageant plus de surprises. Autant je me sens en accord de fond sur le chemin intérieur des personnages, autant la construction et l’atmosphère me paraissent trop schématiques en quelque sorte.