En s’appuyant sur ses propres écrits et en imaginant un récit fait par sa très jeune épouse, Laurence Cossé nous raconte la vie de celui qui allait devenir le marquis de Choiseul, un des derniers premiers ministres du roi de France. Un homme intelligent, brillant, séduisant, habile mais aussi incroyablement amoral, égoïste, arrogant – une sorte
de Trump d’il y a deux siècles au fond mais avec le style et l’élégance en plus – prêt à tout pour sa soif de jouissance et
ultimement de pouvoir. A voir de telles figures d’aristocrates, on comprend mieux la révolution et ses boucheries sanglantes et l’on se dit que Monsieur de Stainville eut mieux mérité d’y finir que tant d’autres… L’écriture est superbe. Il est néanmoins difficile d’être entièrement saisi tant le » héros » est détestable et sa femme
irrémédiablement triste. Il y a des lignes très perspicaces sur le pouvoir et sur les hommes au pouvoir. Comment se fait-il qu’un homme puisse être à ce point grisé de pouvoir qu’il en vienne à tout sacrifier (femme(s) et enfant(s) compris)? Corrélativement, comment se fait-il que certaines femmes soient à ce point capables de tout
sacrifier à un homme qui ne les aime pas, voire même qui ne les a jamais aimé ?