Cet auteur est définitivement inclassable. Il m’a été étrange de lire en quelques semaines trois livres qui, chacun à leur manière, revisitent l’épopée napoléonienne (tout en faisant aussi complètement autre chose!); JP Kauffmann avec Outre-Terre, Tesson avec Bérézina et celui-ci. Dans le cas présent, la figure est celle du maréchal Ney, ce personnage flamboyant, ce guerrier intrépide qui redevenait un enfant en descendant de cheval et qui de la Bérézina à Waterloo fut de toutes les grandes bagarres. Mais le coeur du livre est ailleurs: dans une sorte d’errance le long du boulevard Ney du périphérique où l’auteur – sans que l’on sache jamais pourquoi – rencontre et échange avec toute la population humaine cosmopolite et bariolée qui survit dans ces lieux: français de souche blessés par la vie mais riches de solidarités élémentaires, prostituées albanaises et sapeurs congolais. Frappe la richesse de la langue et cette façon de rendre ainsi un nom et une dignité à des gens qui ressemblent un peu à ceux que – 20 ans plus tard – JP Kauffmann rencontrera « en remontant la Marne ».
LIVRE – 2002 – Éditeur : POL