Un film de Joachim Trier avec Renate Reinsve, Anders Danielsen Lie (2021). Une jeune norvégienne approche de la trentaine et sa vie semble tracée mais ce moment d’entrer dans des choix cruciaux la met en crise et elle s’interroge. L’infini des possibles, plus ou moins imaginaires, des choix définitifs (être médecin, avoir un enfant…), a quelque chose de troublant (et d’effrayant même), pour qui, comme beaucoup de scandinaves (et d’Occidentaux plus largement) d’aujourd’hui, n’a pour toute boussole qu’une injonction au bonheur au fond assez floue et confuse. Le découpage en chapitres ne m’a pas vraiment aidé en accentuant un effet de longueur dans la première partie (très vie quotidienne ordinaire un peu à la façon d’un Noah Baumbach ou d’une Greta Gerwig) mais les chapitres 11 et 12, de tonalité mélodramatique, m’ont accroché. Je garde une réserve sur la fin, compréhensible selon la vision du monde du réalisateur mais décevante (quoi qu’ayant son charme et sa cohérence, je dois reconnaître) à mes yeux (j’aurais évidemment aimé une autre fin, qui aurait été possible si le scénariste avait eu d’autres valeurs et/ou la foi!). Porté par une actrice magnifique de beauté fragile et une sensibilité vive à ce que Jeffrey Arnett appelle la ’emerging adulthood’, ce film finement observé sonne juste.