Bluma Finkelstein est une poétesse israélienne francophone qui a toujours été engagée dans le dialogue judéo-chrétien. Lisant des textes de Benoit XVI, elle est frappé du fait qu’ils reflètent une vision datée et fausse du judaïsme, notamment dans ses propos sur les pharisiens et sur le rapport à la Loi. S’appuyant beaucoup sur Yeshayahu Leibowitz, notamment tel que présenté par Jean-Marc Joubert. Ce livre présente très bien les différences fortes dans la conception de la foi et de la pratique entre Juifs et chrétiens et il aidera les chrétiens qui ne connaissent pas le judaïsme à mieux en comprendre l’esprit. Ceci dit, Leibowitz – relisant Maimonide – n’est pas le tout de la tradition juive (même si, d’une certaine façon, il en incarne une vision et une pratique qui en accentue l’écart d’avec le christianisme). Et certaines des formulations de Bluma, qui s’en inspirent, vont un peu loin, par exemple, p. 38, « pour le judaïsme, l’Histoire et le monde sont indifférents à la foi et indifférents du point de la divinité » (expression in fine proche de Rosenzweig). Elle cite des chrétiens ayant une compréhension plus juste de la réalité existentielle du judaïsme vécu: Jean Dujardin, z »l, Geneviève Comeau ou Claude Geffré. Le ton est parfois vif mais le propos clair. Il montre combien les vieux discours (à la fois catholiques ou protestants à la Old Perspective sur Paul) demeurent encore bien présents dans les esprits chrétiens (même intelligents comme l’est certainement Joseph Ratzinger)…