Un film de Jeanne Herry avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Jean-Pierre Daroussin, Leïla Bekhti
Élodie Bouchez, Birane Ba, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Suliane Brahim, Denis Podalydès. Ce film original et fort vise à nous introduire au concept de la ‘justice restaurative’. Quesaco? Le site du ministère français de la justice la présente ainsi: « Pratique complémentaire au traitement pénal de l’infraction, la justice restaurative consiste à faire dialoguer victimes et auteurs d’infractions (qu’il s’agisse des parties concernées par la même affaire ou non). Les mesures prises, selon des modalités diverses, visent toutes à rétablir le lien social et à prévenir au mieux la récidive » (elle était déjà présente dans le très beau film « Les repentis » (Maixabel): https://www.marcrastoin.fr/les-repentis/). Nous allons suivre deux chemins de parole: l’un d’une jeune femme qui peine à se remettre des violences incestueuses subies dans sa petite enfance par le fait de son demi-frère et c’est une médiatrice qui la reçoit et l’accompagne; et d’autre part, d’un groupe de trois victimes d’attaques à main armée violentes qui rencontre trois prisonniers. Il s’agit de cinq rencontres, en prison, avec des volontaires, où sont présents deux animateurs de l’association et deux bénévoles qui sont surtout là pour montrer que la société se soucie de ce processus. L’itinéraire est remarquable pour faire ressentir le cauchemar que vivent de nombreuses victimes: quelques minutes ont changé radicalement leur vie: angoisses, dépressions, séparations, s’enchaînent et semblent sans fin. Est-ce que parler pourra aider? Elles en doutent mais veulent y croire et c’est la raison de leur participation. Pour les détenus c’est plus obscur: ils veulent, confusément plus que clairement, faire un geste, que cela soit comme une aide pour changer de vie en sortant mais leur passé les écrase aussi… Porté par un casting superbe, une réalisation sobre, un rythme soutenu et une unité de ton remarquable, ce film nous parle de notre humanité, de notre soif de reconnaissance et de paroles, du poids de notre passé – surtout parental – mais aussi de notre résilience et capacité de revivre: au fond, il nous parle de résurrection. Il nous aide à nous souvenir que le Ressuscité porte toujours les stigmates du Crucifié. Il fait du bien…