Un film de Walter Salles avec Fernanda Torres (Eunice), Fernanda Montenegro (sa mère dans la vie, jouant le rôle de Eunice âgée), Selton Mello, Antonio Saboia, Maeve Jinkings, Valentina Herszage. En 1971 vit à Rio au Brésil, au bord de la plage, une grande famille heureuse. Le père, ancien député travailliste, est architecte et la mère s’occupe des cinq enfants du couple. Un soir, le père est arrêté par des inconnus en civil et disparait. Quelques jours plus tard, la mère et une des filles aussi. La lutte pour la vérité sera longue. Nous sommes dans cette si connue et si douloureuse situation de l’impuissance de civils soumis à l’arbitraire d’une machine militaire qui torture et dissimule. Nommé trois fois aux Oscars 2025 (meilleur long métrage international, meilleure actrice (Torres) et meilleur film), ce film sur la quête de vérité, et la douleur de ne pas savoir ce qui est advenu à un proche, nous rappelle le sort de tant et tant d’êtres humains disparus lors de toutes les guerres et dictatures sanglantes. Le couple formé par Eunice et Rubens est merveilleux de complicité, tendresse et joie sereine. Pour moi, ce film est aussi (surtout?) un ode à l’amour conjugal, aux bonheurs simples de la famille (les photos nombreuses de ce temps-là, les petits films en 8 millimètres capturant un moment comme hors du temps). C’est aussi un merveilleux portrait de femme: une femme aimante, forte, maternelle et féminine, intelligente, élégante et déterminée. A quel âge doit-on la vérité à ses enfants? Une vérité que l’on ignore même si on la pressent? Quoi qu’il en soit, tenir bon, dignement, se remettre à travailler, sourire en masquant ses larmes. Oui, Eunice Paiva restera dans notre mémoire. Et bravo à son fils Marcelo d’avoir écrit un tel livre d’hommage à ses parents.
Deux remarques finales (à lire plutôt après):
Il est dans l’air du temps que les films promeuvent l’euthanasie de façon délibérée (le dernier Almodovar) or nous avons ici une vieille femme atteinte d’Alzheimer qui reste le poumon d’amour de sa famille; c’est léger mais vrai.
et nous avons un handicapé rayonnant, l’auteur du livre hommage à sa mère…