Dans cet ouvrage proprement encyclopédique, Simon Mimouni, spécialiste du judaïsme et du judéo-christianisme antique, cherche à retracer non pas tant les fondements historiques (car ce que l’on sait, ou pense savoir, est assez maigre) que l’histoire des traditions relatives à Jacques, « frère du Seigneur » comme l’appelle Paul, que Luc présente dans les Actes comme le chef de la première communauté de Jérusalem. Les dossiers sont effectivement « tentaculaires » et le lecteur pourra parfois s’y perdre (à noter que deux chapitres portent sur la figure d’Étienne). Sur la famille de Jésus, il semble que l’auteur s’avance un peu trop lorsqu’il écrit que certaines sources permettent « de penser que Jacques est originaire d’une famille sacerdotale, ce qui implique que son frère Jésus le soit également » ou que « l’appartenance sacerdotale de la famille de Jésus devient de plus en plus évidente, pour ne pas dire certaine ». Les indices paraissent trop tardifs et ténus pour que l’on puisse atteindre une telle certitude. Ce qui est très probable en revanche – et non contesté d’ailleurs – est que des parents de Jésus ont « joué un rôle des plus prédominants dans la direction des communautés chrétiennes d’origine judéenne » de Jérusalem, avant comme après 70. Toute cette branche « nazoréenne » de la famille du mouvement chrétien a été trop longtemps dans l’ombre des pauliniens et des pétriniens : il est heureux qu’elle reçoive l’attention qu’elle mérite. Cet ouvrage est une mine de renseignements et contient une bibliographie très riche qui permettra aux lecteurs courageux de poursuivre leur enquête.
Recension parue dans la revue Etudes en juin 2015.