Nous voici à Constantine, un jeune juif nommé Jacob est la joie de sa famille mais le voilà qui part à la guerre pour reconquérir la France: depuis les classes au Sahara jusqu’au froid cinglant des forêts vosgiennes, il avance avec ses compagnons arabes, kabyles, métropolitains. Dans un style poétique, proche du flux de conscience, cherchant à rendre compte des sentiments comme des sons et des couleurs de l’Algérie et du Constantinois, c’est une œuvre de pietas, une mitsva qu’effectue Valérie Zenatti: Elle nous livre une élégie à une communauté qui n’est plus et qui pourtant est encore. Elle redonne un nom et une voix à un visage ancien sur une vieille photo. Le Bavli, traité Sanhedrin, dit que « le mari meurt uniquement pour sa femme, et la femme pour son mari » (TB Sanh 22b): Valérie nous dit qu’un fils ne meurt peut-être que pour sa mère mais que sa lointaine parente peut l’honorer en vérité et lui rendre du poids, de la kavod, sa gloire éternelle.