J’ai rarement lu quelque chose d’aussi fin et juste sur notre situation culturelle et religieuse en Occident. Bien que sa réflexion, faite sous formes de courts fragments et d’aphorismes, parte de la Grèce antique, de l’expérience (vécue) du candomblé de Bahia, suppose une bonne connaissance de Nietzsche et de Freud, elle rejoint souvent des vérités spirituelles qui ne sont en rien incompatibles avec la foi biblique (au contraire!) et ses notations sur le rite, sur l’idolâtrie du travail en Occident, sur le soi et son ‘repos’ sont très justes… Certaines formules visent spécifiquement le christianisme (et le judaïsme n’est pas dans son champ de vision malheureusement) mais ce qu’elles pointent est à mon sens des dérives (bien réelles parfois) plus que l’essence du messianisme fondé sur Jésus… Deux phrases pour donner envie: « notre société, capitaliste, mercantile, individualiste, où tout faire pour l’autre est immédiatement renvoyé à la honte de risquer d’être ou de paraître chrétien, manquent de la sagesse des sociétés où les liens entre individus sont régis par l’obligation de donner et de recevoir » (p. 140; dommage qu’elle ignore Ac 20,35!) et « notre époque est pauvre en rituels et nous subissons les effets néfastes de cette pauvreté… C’est notre pauvreté en rites et notre pauvreté en fêtes qui nous vissent au travail pour notre malheur… et nous livrent à la consommation comme à notre seule fête » (p. 57 et 116)….
LIVRE – 03/10/2012 – Éditeur : PUF