Fascinée depuis longtemps par Romain Gary, et par la façon dont il se réinventa comme écrivain sous le nom de Emile Ajar, Delphine Horvilleur se livre à une sorte de méditation libre sur l’identité (notamment – mais pas que – juive) et plaide pour une identité ouverte, en mouvement, refusant les injonctions et les incantations. On retrouve sa plume vive, fine, suggestive. Les formules sont souvent heureuses, même – et peut-être en partie parce que – la pensée butine, tourne autour de son sujet en virevoltant. Je la rejoins de tout cœur lorsqu’elle écrit: « Nous sommes pour toujours les enfants de nos parents, des mondes qu’ils ont construits et des univers détruits qu’ils ont pleurés, des deuils qu’ils ont eu à faire et des espoirs qu’ils ont placés dans les noms qu’ils nous ont donnés. Mais nous sommes aussi, et pour toujours, les enfants des livres que nous avons lus, les fils et filles des textes qui nous ont construits, de leurs mots et de leurs silences » (31). L’opuscule a deux parties: une introduction expliquant son projet et sa vision des choses (7-31) suivi d’un monologue inventé attribué au fils fictif d’Emile Ajar (35-89).