Un film de Scott Cooper avec Christian Bale et Rosamund Pike. Western crépusculaire et esthétiquement superbe. Classique et pourtant philosophique (un peu à la façon de « Homesman »). Nous visitons des scènes habituelles et mythiques de western (l’attaque de la ferme isolée, les bandits, les indiens comanches sur le sentier de la guerre, la piste à suivre sur des centaines de kilomètres avec les tours de garde au coin du feu, le héros désabusé qui reçoit une deuxième chance, etc.) mais il s’agit en même temps d’une réflexion sur la culpabilité et le deuil. Comment réapprendre à vivre après un traumatisme dévastateur? Comment mourir dignement après une longue incarcération? Comment surtout vivre avec le souvenir des atrocités commises? Les Etats-Unis d’Amérique sont bâtis sur une gigantesque spoliation, sur le massacre et l’humiliation d’une population autochtone aux riches traditions spirituelles et qui fut impitoyablement exterminée. Nous le savons. Ils le savent. Mais comment vivre après cela? Le film n’offre aucune réponse facile mais ouvre des chemins de réconciliation, du soldat Joseph Blocker avec lui-même, de Blocker avec le chef cheyenne Yellow Hawk, du groupe des ‘blancs’ et des ‘Indiens’ entre eux grâce aux femmes porteuses de résilience. Il y a des défis à relever et un avenir possible à condition de s’ouvrir à la parole et à la vie. Le rythme du film et la photo exceptionnelle de Masanobu Takayanagi contribuent à en faire un vrai grand moment de cinéma.