Implacable présentation critique des ‘apôtres’ du développement personnel (à l’origine d’un flot immense de publications, d’applications idoines et d’école de coaching variées) et des partisans de maximiser le bonheur personnel. Elle s’appuie d’une part sur une critique de type Piketty, de gauche disons, sur la façon dont ce mouvement fortement individualiste – ‘vous pouvez et devez être plus heureux, toujours’ -, fait le jeu du système néolibéral qui le finance d’ailleurs à grands frais, et d’autre part sur des psychologues critiques de ces ‘penseurs’. De ce fait, le livre constitue une critique de la complicité entre les ‘évangélistes’ (le terme n’est pas neutre) de la psychologie positive et de l’épanouissement personnel, et les politiques néolibérales (si les pauvres ou les personnes malheureuses, sont malheureux ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres, ou souffrent de chômage ou de boulots idiots et dégradants, c’est parce qu’ils ne prennent pas assez soin de leur santé et bonheur personnel: ils doivent bosser sur eux-mêmes!’). En même temps, l’approche est très matérialiste et néglige la dimension spirituelle et la dimension religieuse qui est hors de son champ de vision… D’où des raccourcis. Le livre souffre aussi de répétitions (en partie explicable par le fait que les auteurs sur la psychologie positive se répètent beaucoup et se citent les uns les autres) et d’un côté vite écrit. Les auteurs négligent curieusement la problématique écologique. J’ai apprécié au passage, en connaisseur, une belle lecture du film « Up in the air ». L’insensibilité (volontaire? inconsciente?) à la thématique religieuse, ou simplement spirituelle, pénalise le propos global – on ne peut mettre sur le même plan, je pense, la ‘gratitude’ et le ‘pardon’ d’un côté et ‘le penser positif’ ou ‘l’optimisme’ de l’autre – qui est cependant au fond plutôt juste. La conclusion synthétise avec conviction le parcours effectué.