Une série (Amazon) de David E. Kelley et Jonathan Shapiro, avec Billy Bob Thornton, Nina Arianda, Tania Raymonde, Diana Hopper, William Hurt, Olivia Thirlby, Maria Bello, en 8 épisodes de 50′ environ en 2016 pour la première saison (suivent trois autres). Deux jeunes juristes brillants, Bill (William) McBride et Donald Coopermann, ont fondé ce qui allait devenir un puissant cabinet d’avocats: Coopermann & McBride. Des années plus tard, rongé par la culpabilité, Bill est devenu un looser, un divorcé alcoolique vivant dans un motel minable. Une femme qui a perdu son frère dans un étrange ‘accident’ de bateau, vient le trouver pour qu’il fasse la lumière sur cette affaire. Aidé par une avocate débutante et une escort qui lui est reconnaissante, il va tel David, affronter son ancien cabinet et la puissante compagnie d’armements qu’il défend… C’est superbement écrit et interprété, c’est brutal et réaliste, parle de jalousie maladive, d’ambition professionnelle devenue folle, de comment se lever le matin alors que le plus précieux dans la vie semble s’être envolé. Plus noir que Bosch et un peu dans le registre de Fargo par moments, mais le ressort qui l’habite, la soif de justice, a un côté biblique (y compris la très évangélique prostituée au grand cœur, magnifique Tania Raimonde). Une réussite.
La saison 2 demeure très bonne quoique trois éléments me chiffonnent un peu: a) tout d’abord le fil narratif est plus heurté avec beaucoup de flashbacks parfois longs) b) Il y a des scènes à la limite de l’insoutenable (en tout cas pour moi) et 3), plus gênant, il y a une forme d’inachèvement narratif qui laisse d’autant plus insatisfait qu’au fond la ligne théologique de fond qui sous-tend la série, que l’on pourrait penser cynique ou pessimiste, est en réalité l’idée que le crime ne paie pas et que, comme dit le psaume, « Dieu juge avec justice ; Dieu menace chaque jour l’homme qui ne se reprend pas. […] Qui conçoit le mal et couve le crime enfantera le mensonge. Qui ouvre une fosse et la creuse tombera dans le trou qu’il a fait. Son mauvais coup lui revient sur la tête, sa violence retombe sur son crâne » (Ps 7,12.15-17).
La saison 3 se situe dans la Central Valley avec pour thème la façon dont les grands propriétaires agricoles trustent l’eau si rare au détriment des villes. L’intrigue zigzague pas mal mais le côté tragédie grecque des personnages maintient la série à flot. La saison 4, et dernière, se situe à San Francisco et McBride combat les grands labos qui ont créé la dépendance aux opioïdes aux USA (et ailleurs): Elle est crépusculaire et onirique, jouant beaucoup sur l’esthétique et le tragique. Sombre mais un puissant désir de justice continue à animer l’ensemble…