Une série (Netflix) en sept épisodes de Scott Frank avec Jack O’Connell, Michelle Dockery, Scoot McNairy, Merritt Wever, Thomas Brodie-Sangster (2018). Dans l’ouest sauvage, au temps des westerns, différents personnages se croisent, des outlaws, repentis ou pas, des shérifs et marshalls, des veuves, des anciens soldats noirs de l’Union et des Indiens (paiutes), bref tout ce qu’il faut. C’est réaliste et cru, âpre et violent. Bien écrit et faisant la part égale aux femmes et aux hommes. La photographie est vraiment superbe et le scénario efficace (il démarre bien, in media res, mais ses méandres successifs sont parfois un peu gratuits (cf. les norvégiens par exemple ou les longs flashbacks) et donc inutiles – cela dit ces mini-séries fonctionnent justement plus avec une logique d’enchaînement de péripéties variées sans montée rapide vers la catharsis finale). Ici le premier et le dernier épisode sont excellents, les deuxième et sixième bons et les trois centraux plus faibles. La question de la présence ou pas de Dieu dans un monde où règne le mal est un leitmotiv du film (et le titre fait référence à un monologue du ‘super méchant’ qui est une personne ambiguë) sans qu’il soit traité avec une quelconque nouveauté (l’enfant traumatisé devient une brute: Frank; et les propos convenus sur la providence sont le plus souvent ridiculisés). Néanmoins, il faut relever le personnage positif de Soeur Lucy (qui n’est pas une religieuse certes mais une vraie chrétienne) et des gestes de bonté ordinaire à la Grossman qui sauvent de la noirceur excessive. Et il y a surtout les mots d’adieux au cimetière du pasteur, citant un poème juif souvent attribué au poète médiéval juif Juda Halevi mais écrit au 20ème siècle par le rabbin réformé américain Haim Stern (1930–2001):
‘ ‘Tis a fearful thing
to love what death can touch.
A fearful thing
to love, to hope, to dream, to be –
to be,
And oh, to lose.
A thing for fools, this,
And a holy thing,
a holy thing
to love.
For your life has lived in me,
your laugh once lifted me,
your word was gift to me.
To remember this brings painful joy.
‘Tis a human thing, love,
a holy thing, to love
what death has touched.’ «