C’est un livre assez inclassable et original que nous livre le rabbin David Meyer. Il se penche sur quatre midrashim de Tehilim dont il offre une lecture serrée (close reading). Sa thèse de fond est que certains de ses midrashim constituent une discussion de nature au fond ‘théologique’ (pour parler dans un langage plus chrétien), que la surface de ce qu’ils énoncent, qu’ils parlent de rédemption, des dangers de l’eschatologie, de la façon dont Dieu ne se montre pas tant ‘berger’ que cela, qu’ils nous en révèlent plus qu’on ne le croît communément sur le monde théologique des rédacteurs. Il plaide pour de nouvelles lectures de ce genre tant il est conscient du fait que la mise par écrit de la tradition rabbinique, c’est-à-dire de la Torah SheBe’al Pe fige ce que ses créateurs et rédacteurs, un monde entier de penseurs, avaient voulu, maintenir vivante et adaptable une tradition fondée sur des textes du passé et courant toujours le risque de la fixation (tendance propre à toute religion de révélation, par définition, et dont le catholicisme n’est pas indemne lui aussi). « If midrashic literature as part of the Oral Torah is conceived as a corpus of texts whose sole purpose is to be read and cited, imbued with an intrinsic authority inherited from its own redactional past, is not midrash – now fossilised in the canon of Midrashic collections- becoming a new written Torah endenagering the whole project of Judaism? » (261). Bonne question en effet…