Un film de Germinal Roaux avec Kidist Siyum, Bruno Ganz, Patrick D’Assumçao. Un très beau et courageux sujet: un monastère de cinq moines des montagnes suisses accueille une sorte de maisons d’accueil pour réfugiés. Là une jeune de 14 ans, Fortuna, sans famille, très croyante, est confronté à une décision difficile. Il y a beaucoup de belles choses aussi dans le film: les deux acteurs principaux, Kidist et Bruno, sont excellents, l’image (noir et blanc) travaillée, la place de la foi dans le soutien de qui vit une lourde épreuve et les deux discussions, celle entre les moines et celle du prieur avec le travailleur social à la fin, justes et bien écrites. Mais je ne suis pas entièrement enthousiaste et ai quelques réserves. D’abord esthétiquement le réalisateur en fait trop: il laisse quelques secondes de trop dans certaines scènes pour que le critique dise ‘ah comme c’est beau’ (attention ce n’est pas une question de lenteur: certaines scènes sont dans le bon rythme et le film a son intrigue): Bref il se regarde trop filmer et c’est agaçant. Ensuite il omet des éléments de vraisemblance (l’histoire et les sentiments de Kidist ne me paraissent pas crédibles) et de réalisme dans la vie quotidienne (au bout d’un moment la dimension collective de la vie du foyer passe au second plan alors qu’elle est fondamentale). Enfin la fin manque à mes yeux de courage et trahit l’attente du spectateur. Cela dit le projet, lui, est certainement courageux…