Une série de Lior Raz et Avi Issacharoff avec Lior Raz, Itzik Cohen, Doron Ben David, Laëtitia Eïdo, Netta Garti, Tomer Kapon, Hanan Hillo (2015; première saison; 10 épisodes). Cette série israélienne, louée par la critique internationale, est centrée sur une unité du contre-espionnage israélien composée d’agents arabophones capables de se fondre dans la population de Ramallah. Nous allons les suivre dans leur traque d’un militant palestinien du Hamas. La série contient à la fois des scènes d’action d’un suspense intense (cf. épisodes 1, 7 et 9 notamment) et des épisodes davantage consacrés aux relations affectives et familiales des personnages, tant du côté palestinien qu’israélien (la réalisation émaille chaque épisode d’images d’un drone passant le mur, signalant à la fois la séparation et l’imbrication des deux sociétés). Il faut noter que les personnages palestiniens ne sont pas de simples faire-valoir et ont un poids considérable (comme la femme d’Abu Ahmad, Nasreen). L’humanité des Palestiniens est bien mise en valeur: leur dignité face aux humiliations, leur foi (impressionnant en passant de voir des israéliens connaître à ce point les rituels musulmans comme les sourates à réciter dans certaines circonstances, les gestes des ablutions, etc.), et leur courage. Certes la série est israélienne et l’assume – impossible à nier – mais le portrait qu’elle dresse de l’Etat d’Israël n’est pas flatteur pour autant, bien au contraire. La série montre aussi avec force l’impact mental, le coût humain, de l’affrontement dans les relations affectives (tension conjugale, stress post-traumatique, etc.) tant des agents israéliens que des militants palestiniens. Le grand bonus, c’est entendre 50% d’hébreu et 50% d’arabe palestinien. Si vous voulez une série d’action intense, riche en émotions et dépaysement garanti, ou si vous aimez Bureau des légendes, Fauda est pour vous. Trois choses à retenir pour les futurs agents: a) méfiez-vous des tatouages b) les enfants, même petits, sont très malins et c) le grand classique: ne pas mélanger boulot et sentiments!
La saison 2 (12 épisodes) reste très bonne quoiqu’un un peu moins que la première. Certes les acteurs nous sont familiers mais l’intrigue est quelque peu ralenti… La finale est très forte.
La saison 3 (12 épisodes) reste également excellente. L’intensité est bonne et l’intrigue prenante, le problème étant une sorte d’inflation des risques – nous sommes ici à Gaza – qui fait que la crédibilité de l’ensemble y perd (souci classique des saisons 3 et 4 des séries d’action qui veulent en rajouter dans le spectaculaire pour conserver leurs fans). La fin est terrible et, si elle était prise pour un jugement sur le futur de l’Etat d’Israël, ce serait d’un pessimisme radical…
La saison 4 (12 épisodes sortis en 2022) retrouve le niveau et le ton de la première. Il y a toujours un mélange bien dosé entre la vie personnelle des protagonistes (qui, avec le temps, nous sont devenus chers) et l’intrigue de contre-espionnage tandis que la série se délocalise en partie en Belgique d’abord (2 épisodes) puis au Liban (la moitié). Le coût humain, psychologique, de la guerre et de la tension extrême qui pèse sur des soldats qui sont aussi des humains, est très bien montré (tout comme le stress sur le couple). Beaucoup sont usés tout comme Doron, dès le début (fin de la 3). Les Palestiniens sont de vrais personnages. Maya (Lucy Ayoub éblouissante) est à la fois digne et forte; Adel a du courage et du cœur tout comme Omar. Dans les affrontements les pertes israéliennes sont lourdes et significatives. Au plan géopolitique, le scénario est très réaliste et crédible (on peut passer sur deux trois facilités dans certaines péripéties: l’infiltration du convoi, l’accent libanais et/ou syrien, etc.) en se centrant sur le rôle de plus en plus important du Hezbollah dans le combat des Palestiniens. Bref, une réussite.