Une jeune femme tombe sur une photo énigmatique où pourrait se trouver sa mère morte quand elle était très jeune. Elle met une petite annonce dans un journal et un français chercheur en Grande Bretagne lui répond: il a une idée de qui pourrait être un des hommes présents sur cette photo prise en Suisse en 1971. Une correspondance s’engage qui va amener d’étonnantes révélations sur leurs familles respectives. J’ai toujours été fasciné par ces photos jaunies sur lesquelles de jeunes officiers en uniforme se tiennent bien droits tandis qu’une noble mère de famille a ses enfants autour d’elle. S’il se trouve que je peux reconnaître ma grand-mère paternelle grâce à une photo qu’avait toujours mon père et qui était visible dans la maison, il n’en va pas de même de ma grand-mère maternelle. J’ai une sensibilité intérieure à ce mystère du temps qui passe, qu’arrive un moment où plus personne de vivant ne sait qui étaient ces êtres, si vivants sur ces vieilles photos. Ces photos d’un passé théoriquement pas si lointain mais qui paraît si éloigné pourtant. Qui est cet homme qui sourit complice à ma mère? Cette femme sur cette photos de mes tantes? ce groupe d’amis où mes parents sont si gais? Dans une écriture simple et élégante, naturelle et juste, l’auteure écrit un roman à la fois moderne et éternel. Je ne lui reprocherai qu’une virgule à la page 247, « un catholique, borné ». Oui, Hélène, la religion a pu être ce carcan étroit où des amours se sont sacrifiés mais elle a aussi été, et peut encore être, un puissant soutien dans la vie conjugale, une aide à la fidélité véritable et au pardon, un parfum de joie. Mais qu’est-ce qu’une virgule sur tout un livre? Ce petit livre est un grand livre qui m’a profondément touché – il m’a rappelé Daniel Mendelsohn et je ne vois pas de plus grand compliment – et qui peut permettre, je crois, à tout lecteur, de repenser au mystère toujours neuf de l’union de ses parents, et plus largement, à l’histoire de sa famille.