[Mothering Sunday] Un film de Eva Husson avec Odessa Young, Josh O’Connor, Olivia Colman, Colin Firth, Emma D’Arcy, d’après la nouvelle de Graham Swift du même titre (le titre français est franchement curieux, l’original étant si ce n’est clair, du moins plus explicite). Nous sommes à la fête des Mères 1924: trois familles aristocratiques se retrouvent pour pique-niquer et donnent congé à leurs domestiques. Dans une famille, les Sheringham, Paul est le seul de trois garçons à avoir échappé à la tragédie de 14-18 du fait de son jeune âge: il entretient depuis plusieurs années une liaison avec la servante de la propriété voisine, Jane Fairchild, une orpheline placée à 14 ans. Que vont-ils devenir? Alternant les époques avec délicatesse et révélant les événements de cette journée spéciale, le film est un mélodrame typiquement britannique, esthétisant (superbe photo et montage) et riche en sous-entendus. Plus que de la différence de classe, il nous parle de ces parents, et surtout des mères, d’où le titre, ayant perdu leurs fils à la guerre, parfois tous leurs enfants. Ce que certaines langues qualifient d’un nom commun spécial comme shakul/shakula en hébreu. Olivia Colman a peu de scènes mais elle a les répliques peut-être les plus déterminantes. Au-delà encore, ce tableau d’une journée se répercutant sur une vie entière, nous parle de la vie: la vie qui concilie les contraires: la joie d’une jeune femme pleine de vie, qui revient à vélo, au soleil, dans une campagne luxuriante, le vent dans les cheveux, tout à la joie de s’être donné à celui que l’on aime. Et la peine: celle de voir une tumeur soudaine détruire une promesse de bonheur tout comme les ravages d’une guerre absurde. Pour ceux qui apprécient les films britanniques d’époque et la réflexion sur la vie et le ‘suicide européen’ (Zweig) de 14/18…