Une série (ARTE) de Eric Toledano et Olivier Nakache, avec Frédéric Pierrot, Mélanie Thierry, Clémence Poesy, Carole Bouquet, Pio Marmaï, Céleste Brunnquell, et Reda Kateb, en 35 épisodes d’environ 25′ (2021). Inspirée d’une célébrissime série israélienne, BeTipul, cette production met en scène un psychanalyste parisien recevant dans son bureau, différentes personnes de tout âge et statut, quelques jours après les attentats du Bataclan, un moment où la société française a senti, un peu, ce que pouvait vivre – sur une autre base certes – la société israélienne. Drames conjugaux, familiaux, abus, angoisses et culpabilités personnelles interagissent avec le trauma collectif, lui-même tissé de nombreux traumas différents et uniques (celui de l’urgentiste, du flic, du parisien, etc). Sont ainsi mis en lumière tous les risques que court la relation d’aide depuis le transfert jusqu’au sentiment aigu d’impuissance. Une sorte de manuel, à la manière de l’art de la thérapie de Yalom. Certes, le tout se situe dans une atmosphère totalement sécularisée mais les thématiques abordées sont universelles et entrent fortement en résonance avec l’accompagnement pastoral (ce serait par exemple à voir et à débattre en formation au pastoral counseling). Oui, on « touche les endroits sombres de l’être humain » mais aussi « on touche la chair du monde » pour permettre à une personne de devenir « spirituellement plus vivante ». L’ensemble est exigeant, intense, cérébral, réaliste (à la réserve que tout est extraordinairement accéléré par rapport à une vraie séance et une vraie cure mais le rythme « réel » aurait été honnêtement infilmable), intelligent, éminemment humain. Et bien joué avec notamment un très juste Frédéric Pierrot (admirable acteur même si, humainement, il parait pathétique et si peu proactif personnellement). Une série à tous points de vue exceptionnelle.