Ce roman historique fut publié en 1994. Il raconte de manière chorale et bien documenté le sort d’un groupe de marranes majorquins qui firent l’objet d’un des derniers grands procès inquisitoriaux en 1687-1688. Ces familles sont chrétiennes de façade depuis des décennies mais une partie d’entre eux se définissent comme juifs. D’un autre côté, ils sont aussi profondément marqués par la spiritualité chrétienne et l’une de leurs jeunes filles a des visions de la Vierge Marie. En outre, bien sûr les familles sont divisées et les couples aussi. Certains ont des parents à Livourne et rêvent de départ, d’autres ne veulent pas quitter Majorque. Nous allons d’un personnage à l’autre et nous croisons aussi deux jésuites, personnages fort déplaisants et qui se jalousent à un point comique (sans vouloir nier l’existence de ce type de profil, ;), l’auteur a moins soigné sa connaissance des jésuites que de la réalité conversa à Majorque à cette époque: rappelons donc que les jésuites n’ont pas un ‘général’ dans une province mais bien un provincial et le supérieur n’est pas élu ou désigné en fonction de telle réalisation suite à une campagne électorale). Le récit alterne passages touchants (avec un faible pour la prostituée évangélique au grand cœur, la Coixa) et moments dramatiques et très durs (les tortures). Une plongée historique, bien écrite et vivante, dans un monde qui, en tant que catholiques, nous fait, légitimement, honte mais qui fait partie de notre histoire…