Un acteur raté, deux fois divorcé, était retourné trentenaire sur les bancs de l’université et avait été très marqué par une professeure, Elizabeth Finch, une femme manifestement très seule mais incroyablement libre. Elle réussissait, selon lui, à captiver sans aucune démagogie mais par sa seule classe intellectuelle. A son décès, il se sent incité à écrire sur un sujet dont il suppose qu’il l’intéressait: Julien l’Apostat… Julian Barnes reste un excellent prosateur et cela permet de continuer la lecture. Pourtant, ce roman – qui n’en est au fond pas un – souffre de deux défauts: tout d’abord, comportant en son milieu, une longue notice sur l’ensemble des essais, pièces et discours écrits sur Julien dans l’histoire occidentale, il abandonne son lecteur à ce piège sans vraiment trouver un dispositif qui justifie cette pesante digression et échoue narrativement. Ensuite, le personnage de Finch, et celui de Neil par osmose, tiennent des propos d’un politiquement correct total (et historiquement ridicules tant ils sont excessifs) sur le christianisme (et sur les autres sujets: The Guardian évoque les aphorismes de Finch ‘reproduits’ dans le livre comme étant « Finch’s studiously bien-pensant truisms » et ajoute cruellement mais justement: « Finch and her ideas lack force »). Il eût été beaucoup plus fort et courageux de faire de cette femme une chrétienne à la manière de Flannery O’Connor, une personnalité et un écrivain tellement plus intéressante que la fictive Finch. Bref, Julian écrit un essai idéologique sur sa haine fanatique, et par là injuste et sans humour, du christianisme. L’athéisme militant ne fait pas plus de la bonne littérature que la foi brandie en étendard… Un opus de Barnes à oublier…