Journal de bord de l’auteur qui a passé six mois au bord du lac Baïkal en Sibérie avec beaucoup des livres et pas mal de vodka. J’avoue que j’ai été déçu (peut-être à cause de recensions trop dithyrambiques). J’ai trouvé qu’il n’y avait rien ou presque d’original malgré un style sobre et honnête. Spirituellement, l’ensemble trahit une sorte d’oscillation entre un panthéisme mou et un athéisme vague. À l’occasion, quelques formules sonnent juste et sauvent le livre : par exemple lorsqu’il remarque « cette envie de faire demi-tour lorsqu’on est au bord de saisir ce que l’on désire. Certains hommes font volte-face au moment crucial » (22) ou « jaillissent à mon esprit les visions de mes proches. Mystère des mécanismes spirituels, des visages sautent à la mémoire. La solitude est une patrie peuplée du souvenir des autres. Y penser console de l’absence. Les miens sont là dans un repli de mémoire » (51). Ou ce petit dialogue, à la fois ironique et cruel, en ces temps d’attentats: « -il y a eu des événements dans le monde depuis trois semaines? – Non, c’est calme, les musulmans hibernent. » (84). ou cette notation paulinienne: « vivre ne devrait consister qu’en ceci : prononcer sans cesse des actions de grâces pour remercier [le destin] du moindre bienfait » (223). Sa description des jeunes de banlieue est intéressante : « je retenais de ces rencontres qu’ils accordaient un prix immense à la reconnaissance vestimentaire, cultivaient l’esprit de quartier et le conformisme comportemental, aimaient les objets coûteux, développaient un souci maladif de l’apparence, croyaient à la loi des forts, ne nourrissaient pas beaucoup de curiosité pour l’autre et possédaient leurs codes de langage : les signes distinctifs de l’esprit bourgeois » (259).
LIVRE – 2011- Éditeur : Gallimard