Valérie Zenatti était depuis 2004 la traductrice en français de Aharon Appelfeld – elle dirait sans doute qu’elle l’est encore tant l’influence de cet écrivain israélien survivant de la shoah, a été majeure dans sa vie. Dans cet essai très personnel, écrit comme l’on fait un processus de deuil, elle se remémore ses rencontres avec cet homme de finesse et de silences, de sourires et de paroles, cet homme qui portait un poids immense mais ne le faisait pas sentir… Elle va jusqu’à visiter la ville dont il était originaire, Czernowitz, pour voir les paysages qui avaient marqué son enfance. Elle a d’heureuses phrases pour le décrire: Elle relève « cette façon unique qu’il avait de ne pas proclamer, de ne pas affirmer, mais de murmurer, dans un mouvement vers l’intérieur, pour chercher à être au plus près de lui-même et par là, s’adresser aux autres » ou encore « il ne s’écoutait pas parler, mais il s’écoutait pour parler, il tendait l’oreille à ce que la vie avait déposé en lui, jour après jour ». Elle rapporte de lui cette maxime que je trouve simple et profonde à la fois: « Pour connaître un homme, il faut savoir comment il aime ses parents, et comment il a été aimé d’eux. » C’est un texte bref mais d’une sincérité totale, habité par l’Ahavat Yisroel et ruisselant d’humanité…