Un film de Nicolas Silhol avec Céline Sallette et Lambert Wilson. Critique mordante du monde du management contemporain. Très bien écrit et très bien joué, ce film déploie plusieurs niveaux de réflexion dont le moindre n’est pas la question du genre dans le monde des cadres de la finance. Le couple d’Emilie et de son mari anglais (qui l’a suivie à Paris en renonçant à son travail) est très intéressant sous cet angle: une femme qui est une « tueuse » et qui travaille comme une folle et un père (provisoirement?) au foyer qui cherche à la faire parler de son travail alors qu’elle demeure mutique: comme une inversion des rôles, non? La façon dont ces grandes entreprises déploient un discours de team-building, de slogans généreux et d’éthique apparente alors qu’elles exploitent jusqu’au bout (notamment) des cadres qui font souvent semblant de croire en un discours stéréotypé et mensonger. Inspiré de faits réels (France Télécom entre autres), le scénario est criant de vérité. J’ai été frappé par l’analogie avec le personnage de Miss Sloane dans le film du même nom et, dans les deux cas, une femme qui s’est bâtie sur une dureté implacable et une concentration absolue sur le succès professionnel va vivre une sorte de ‘retournement’. Qu’est-ce qui le motive? Il y a là un mystère et cela aussi est précieux: nous ne savons pas toujours quel(s) chemin(s) une conscience peut prendre pour décider de sortir d’une vie qui va vers la mort. Il est beau de voir un déclic qui libère et d’espérer pour notre héroïne une vie plus riche de sens. Un film que tout étudiant d’école de commerce, ou toute personne travaillant dans le monde des grandes entreprises mondialisés, regardera avec grand profit.